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S'installer dans un autre pays sur un coup de tête : pas pour moi


Je viens de lire l’énième article visant à inciter les gens à plier bagage et à s’installer ailleurs. Cette fois-ci l’argument était que le coût de la vie y était moindre.

Des articles comme celui-là, j’en lis souvent. Pas parce que j’ai l’intention de plier bagage et de partir recommencer à zéro en terre inconnue, mais plutôt parce que ce coût de la vie fait de ces pays des destinations touristiques idéales--je préfère voyager cheap. Je rêve encore de vivre ailleurs et de m’adapter à une nouvelle culture. Le changement, j’aime. Enfant, j’ai déménagé assez souvent. De plus, du jardin d’enfants à l’université, j’ai fréquenté 8 institutions. Me faire de nouveaux amis et me construire une nouvelle routine, ça, je connais. Toutefois, mon rêve est devenu un peu plus, comment dire, réaliste. Oui, je suis prête à partir. Mais ayant déjà connu les défis de l’immigration, mes attentes sont un peu plus complexes. J’allais avoir 26 ans lorsque j’ai laissé Haïti pour le Canada. 2005 a été une année pleine de rebondissements, pour moi : mariage, immigration, première vraie expérience en dehors du cocon familiale (une demie vérité, car la cousine de mon grand-père — que je n’avais jamais rencontrée avant — m’avait hébergée), décès de Papa Doudou, premier hiver, premières expériences avec le racisme. Toute une année! Immigrer a ses bons côtés; toutefois, 12 ans plus tard, je n’en ai plus la même vision romantique. Je préférerais ne pas avoir á recommencer à zéro. Je blâme ma nouvelle vision sur l’âge, la maturité et l’influence d’Alain (Hubby). Il y a 5 ans, je voulais partir m’installer en Australie. Les raisons : le pays avait ouvert les vannes de l’immigration, et l’Australie est sur la liste des endroits que j’aimerais connaître. Monsieur Hubby, lui, ne voulait absolument pas recommencer à zéro. À l’époque, je l’ai traité de petit vieux. Serais-je donc vieille pour penser ainsi maintenant? Ô rage! Ô désespoir! N’ai-je donc tant vécu que pour ressembler de plus en plus à Hubby? Pourtant, il a raison. (Ne lui dites pas que j’ai dit ça.) Recommencer à zéro à 26 ans, c’est une chose. À l’époque, j’étais forte d’une carrière de 5 années, d’un diplôme de Christ-Roi et de 3 années de fac de droit. Ma vie commençait à peine. Maintenant, à 2 années de mon 40e anniversaire — je pense être en pleine crise de la quarantaine! —, recommencer à zéro ne sera pas mon premier choix. Il ne faut toutefois pas dire « jamais ». On immigre à tout âge. On entame une 2e carrière à n’importe quel moment. Toutefois, je pense de plus en plus à ma retraite, aux soins de santé dont j’aurai besoin, à l’accessibilité de certains services. Maturité, je vous dis… Et mes critères de sélection pour un nouveau pays de résidence ne sont plus « différent » et « nouveau ». La liste est devenue bien plus longue — et raisonnée — que ça. Par ailleurs, ces articles semblent ne pas tenir compte d’un aspect important : le processus d’immigration. Un processus qui peut être onéreux et chronophage, ou tout simplement être inexistant ou inaccessible. Ils vendent une version simpliste d’une réalité qui peut s’avérer un peu ardue. Ils semblent aussi ignorer un aspect qui me tient à cœur : comment traite-t-on les immigrants dans ces pays? Plus, précisemment, comment traite-t-on les immigrants noirs? À chacun ses problèmes et ses priorités... Voyez-vous, j’ai beau aimer l’aventure, mais cela n’empêche à la réalité, comme la gravité, de me ramener sur terre.

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