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Terreur et tourisme


Le triple attentat à l’aéroport Atatürk (Istanbul, Turkie) s’ajoute à la longue liste d’actes meurtriers qui font la une ces derniers temps. Chaque explosion, chaque tuerie érode un peu plus notre sentiment de sécurité. On devient plus vigilant. On évite les déplacements « inutiles ». On pense pouvoir minimiser les risques en restant plus près de chez soi, en évitant les endroits dits dangereux. La routine rassure, alors on s’y accroche. Si bien qu’on finit par oublier que la plupart des victimes connaissaient elles aussi ce sentiment de sécurité dans cet hôtel au Mali, sur les terrasses de ces cafés en Turquie et en France.

Peur, panique et oubli

Alors commence ce cycle que nous reconnaissons tous.

Les « RIP » et les #[insérez le nom de la ville]Strong foisonnent sur les médias sociaux. Les journaux, les chaînes de télé ne parlent que de cela. Les services d’intelligence des pays occidentaux analysent toutes les menaces, et des journalistes zélés en parlent. On en parle tellement que la peur et la panique s’installent.

On assiste à la chute du prix des billets vers ces destinations et à la mise à jour des avertissements sur les sites gouvernementaux (un exemple). On voit se resserrer la sécurité dans les aéroports. La crainte que les demandes des agents ne deviennent plus loufoques refait surface (admettez que vous vous demandez encore à quoi cela sert d’enlever vos chaussures et de bourrer tous vos articles de toilette dans un Ziploc).

Et puis soudain, rien.

Les médias passent à la prochaine tragédie. Nous passons à la prochaine cause, à autre chose. Notre train-train quotidien reprend le dessus. D’ailleurs, tout cela se passe si loin de nous.

Voyager ou ne pas voyager, telle est la question

L’industrie du tourisme et du voyage, elle, ralentit. Les lignes aériennes constatent généralement une diminution de la demande dans les jours, voire les semaines, qui suivent ces drames. Leurs activités retournent à la normale relativement vite, car les gens oublient [lien en anglais].

Pour ce qui est des villes dans lesquelles les attentats ont lieu, les touristes mettent plus de temps à s’y rendre en masse. À titre d’exemple, prenons le cas de Paris.

Après les attentats de novembre 2015, « la fréquentation des hôtels et résidences de vacances en France [accusait] un recul de 1,7 % par rapport aux mêmes mois de 2014, selon une étude de l’Insee publiée le 12 février [2016] » (Le Monde). Par contre, « le tourisme à Paris a subi le contrecoup des attentats. L'Institut national de la statistique et des études économiques [INSEE] de la France avait révélé plus tôt cette année que le taux d'occupation des hôtels parisiens avait reculé de 25% dans les deux semaines ayant suivi les attaques par comparaison à novembre 2014 » (La Presse). Au premier trimestre 2016, alors que l’on constatait encore une diminution du tourisme à Paris, les chiffres pour le reste de la France augmentaient, selon un rapport de l’INSEE.

Si l’on se fie à l’histoire, il se pourrait que ce ralentissement dure encore quelques années. Le tourisme à New York a mis trois ans avant de se reprendre [lien en anglais] après les attentas du 11 septembre 2001.

Planifier un voyage après un attentat (ça va pas la tête?)

Souvent, l’intérêt que l’on porte à une destination est bien plus fort que le risque de s’y rendre [lien en anglais]. Alors on met la peur et l’angoisse de côté. On finit par se convaincre que rien ne nous arrivera. Et on fonce.

Vas où tu veux, meurs où tu dois. Telle est ma devise depuis un peu plus de six ans. C’est peut-être ma façon de rationaliser le chaos qui m’entoure. C’est cette devise (et la baisse des prix du billet) qui m’a poussée à me rendre à Paris 4 semaines après les attentats. C'est cette devise qui me pousse à continuer d'explorer le monde.

Au lieu de laisser la peur m’envahir et me paralyser, je pense aux Maarten de Jonge de ce monde, et je me dis que si ce n’est pas encore mon heure rien ne m’arrivera. D’ailleurs, lorsque mon tour viendra de tirer ma révérence, je ne pourrai rien y faire.

Comme on dit chez moi : sa w renmen se li ki touye w.

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